Recherche en vedette : Améliorer les systèmes de santé pour favoriser la transplantation rénale de donneur vivant

Saviez-vous ?

  • Que le don vivant d’organe permet une attente moins longue à la transplantation. Le temps d’attente pour une greffe de rein d’un donneur vivant est d’environ un an, tandis que les personnes qui attendent une greffe d’un donneur décédé doivent attendre quatre ans ou plus, en fonction du groupe sanguin et d’autres facteurs. (Source)

La Dre Shaifali Sandal est néphrologue spécialisée dans les transplantations et professeure adjointe. Son programme de recherche à l’Université McGill et à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill porte sur le don vivant de reins.

Shaifali et son équipe ont récemment publié une revue systématique et une méta-analyse intitulée « Efficacy of Educational Interventions in Improving Measures of Living-donor Kidney Transplantation Activity.» Ce travail synthétise les connaissances acquises au cours des deux dernières décennies sur l’efficacité des outils éducatifs tels que les brochures, les vidéos, le site web, les sessions d’enseignement et les applications pour augmenter le nombre de transplantations rénales réussies chez les donneurs vivants. L’équipe a constaté que les outils éducatifs spécifiques au don vivant peuvent plus que doubler les taux de transplantation rénale chez les donneurs vivants.

Nous avons rencontré Shaifali pour connaître son point de vue sur les priorités de recherche dans ce domaine.

De votre point de vue, quelles sont les principales questions de recherche en suspens dans le domaine du don vivant ?

Si de nombreux travaux sont menés sur la santé des donneurs et les résultats à long terme, l’accès équitable à tous les patients souffrant d’insuffisance rénale est la principale question de recherche en suspens. Si les disparités dans l’accès à la transplantation rénale à partir de donneurs vivants sont bien connues, peu de choses ont été faites pour y remédier.

La plupart des efforts actuels visant à augmenter le nombre de transplantations rénales à partir de donneurs vivants consistent à identifier et à éliminer les obstacles au niveau des patients. Les éthiciens ont fait valoir que cela a créé un système inéquitable à deux vitesses, favorisant les patients qui ont les moyens socio-économiques d’apprendre le processus et de trouver des donneurs. Cela a été systématiquement démontré par nos collègues australiens, qui ont constaté qu’un quartile de patients socio-économiquement favorisés avait 34 % plus de chances de recevoir une greffe de rein d’un donneur vivant que le quartile le plus défavorisé. Il est donc nécessaire de réexaminer ces stratégies, car elles amplifient – voire provoquent – les disparités d’accès à la transplantation rénale avec donneur vivant.

Comment votre programme de recherche aborde-t-il ces questions ?

Mon groupe et moi-même effectuons une analyse de cas comparative de différentes provinces du Canada. Il s’agit d’une comparaison systématique des systèmes de santé qui régissent la transplantation rénale avec donneur vivant. Nous avons commencé par une étude de cas de la Colombie-Britannique, qui est reconnue comme la province la plus performante au Canada en matière de transplantation rénale avec donneur vivant. À l’aide de méthodes qualitatives, nous avons analysé les processus et les attributs qui facilitent la transplantation de reins de donneurs vivants et ceux qui créent des obstacles. Nous sommes en train de mener des études de cas similaires en Ontario et au Québec, et d’identifier les obstacles et les facilitateurs du système de santé.

La nouveauté de notre approche réside dans le fait que nous proposons un changement de paradigme dans la compréhension des systèmes de santé – nous nous éloignons des modèles actuels où les niveaux individuels (patients, fournisseurs, organisations) fonctionnent en silos pour nous diriger vers un système de santé composé de niveaux dynamiques, imbriqués et interconnectés, avec le patient au centre. Ce cadre a été adapté de celui suggéré par l’Institute of Medicine (États-Unis) et influencé par les approches utilisées par les Centers for Population Health and Health Disparities (États-Unis) lorsqu’ils emploient des interventions à plusieurs niveaux pour lutter contre les disparités dans les maladies cardiovasculaires ou le cancer.

Vous êtes intéressé par les derniers travaux du groupe de la Dre Sandal sur ce sujet ?
Gardez un œil sur les prochaines éditions de CMAJ Open ou sur un nouvel article actuellement sous presse !

Nous pensons qu’il est nécessaire d’adopter une approche globale du système de santé pour comprendre l’organisation et la réalisation de la transplantation rénale avec donneur vivant et pour identifier les obstacles qui existent à tous les niveaux du système de santé, et pas seulement au niveau du patient. Par exemple, de nombreux professionnels de la santé ont identifié des obstacles à la discussion de la transplantation rénale avec donneur vivant avec leurs patients. Ainsi, notre approche aidera à concevoir des stratégies plus complètes et adaptées pour augmenter et améliorer l’accès à la transplantation rénale avec donneur vivant en utilisant des interventions à plusieurs niveaux. Nous pensons que cela contribuera à éclairer les cadres et les politiques organisationnels et qu’il s’agit là d’un premier pas vers l’offre équitable de la transplantation rénale avec donneur vivant à tous nos patients.

Le PRDTC est heureux de soutenir le travail de la Dre Sandal par le biais d’une subvention à la recherche et l’innovation en 2018, financée en partenariat avec Astellas Pharma Canada.

Vous pouvez trouver Shaifali sur Twitter @ShaifaliSandal et faisant partie du Thème 1 : Améliorer la culture du don, du PRDTC.