Article en vedette dans le Journal canadien d’anesthésie : Dr Sam Shemie

Le PRDTC tient à féliciter le Dr Sam Shemie et son équipe pour la publication de leur article intitulé : Une définition cérébrale du décès et des critères pour sa détermination après l’arrêt de la circulation ou de la fonction neurologique au Canada : des lignes directrices de pratique clinique 2023, dans le Canadian Journal of Anesthesia/Journal canadien d’anesthésie. Il s’agit d’une contribution importante au domaine du don et qui aura sans aucun doute un impact majeur sur la pratique médicale au Canada. Nous sommes fiers de compter des chercheurs aussi talentueux et dévoués au sein de notre communauté, et nous nous réjouissons de découvrir leurs travaux novateurs à l’avenir !

Résumé de l’article

Ces lignes directrices de pratique clinique 2023 du décès basée sur l’arrêt permanent de la fonction cérébrale qui s’applique à toute personne, ainsi que des recommandations pour la détermination du décès par des critères circulatoires pour des donneurs d’organes potentiels et des recommandations pour la détermination du décès par des critères neurologiques pour tous les patients sous ventilation mécanique, indépendamment de leur potentiel de donneur d’organes. Les présentes lignes directrices sont approuvées par la Société canadienne de soins intensifs, l’Association médicale canadienne, l’Association canadienne des infirmiers/infirmières en soins intensifs, la Société canadienne des anesthésiologistes, la Fédération des sciences neurologiques du Canada (représentant la Société canadienne de neurologie, la Société canadienne de neurochirurgie, la Société canadienne de neurophysiologie clinique, l’Association canadienne de neurologie pédiatrique, la Société canadienne de neuroradiologie et le Consortium neurovasculaire canadien), la Société canadienne du sang, le Programme de recherche en don et transplantation du Canada, l’Association canadienne des médecins d’urgence, l’Association des infirmières et infirmiers praticiens du Canada, et la Société canadienne de soins intensifs cardiovasculaires (CANCARE) et la Société canadienne de pédiatrie.

Consultez l’article complet.

Une définition cérébrale du décès et des critères pour sa détermination après l’arrêt de la circulation ou de la fonction neurologique au Canada : Foire aux questions
Historique et contexte

Au Canada, les définitions de la mort peuvent être trouvées dans les lois provinciales/territoriales et varient d’une province à l’autre. Lorsqu’une définition est incluse dans cette législation, la mort est définie comme la cessation des fonctions cérébrales ou inclut la mort cérébrale. Dans le cas contraire, on s’en remet à la définition de la common law adoptée par les juges, qui ont accepté la cessation des fonctions cérébrales ou cardiorespiratoires. Dans la majorité des provinces, les critères de détermination de la mort dans le contexte du don d’organes sont délégués par la loi à la pratique médicale reconnue.

Les précédentes lignes directrices canadiennes sur la détermination de la mort, qui constituent la base de la pratique médicale reconnue, décrivent la mort comme survenant après l’arrêt des fonctions cérébrales, circulatoires ou à la fois circulatoires et cérébrales.

Des questions médicales, juridiques et éthiques sont apparues, qui ont toutes donné une forte impulsion à la révision et à la mise à jour des lignes directrices, notamment :

  • L’élaboration de normes internationales visant à harmoniser les pratiques internationales en matière de détermination de la mort selon des critères neurologiques (DNC) ;
  • Progrès des connaissances et nouvelles preuves liées à la physiologie du processus de mort après l’arrêt des mesures de maintien en vie pour la détermination de la mort selon des critères circulatoires (DCC), et l’utilisation d’investigations auxiliaires pour la DNC ;
  • Affaires juridiques récentes en Ontario dans lesquelles des familles ont contesté la DNC et les directives médicales acceptées ;
  • Progrès dans le soutien technologique des fonctions organiques pour maintenir la vie avant la mort ou préserver les organes après la mort.

En outre, il y a eu un décalage de 16 ans pour les recommandations sur la DNC adulte/pédiatrique et le don d’organes après DCC, et un décalage de cinq ans pour les recommandations sur le don d’organes pédiatrique après DCC. Entre-temps, non seulement le volume de données disponibles pour étayer les recommandations a augmenté, mais, depuis 2006, la rigueur requise pour le processus d’élaboration des lignes directrices s’est également accrue.

En réponse, le Collaboration en matière de dons et de greffes d’organes de Santé Canada a financé un projet intitulé « Définition uniformisée de la mort cérébrale et de critères fondés sur des données probantes pour sa détermination au Canada », un partenariat entre la Société canadienne du sang, la Société canadienne de soins intensifs et l’Association médicale canadienne.

Les objectifs du projet étaient d’élaborer une définition unifiée de la mort basée sur le cerveau et d’actualiser les critères de détermination de la mort après une lésion cérébrale dévastatrice ou un arrêt circulatoire.

  • En quoi ces lignes directrices diffèrent-elles des lignes directrices canadiennes précédentes ?

Les recommandations formulées dans le guide de pratique clinique entraîneront des changements dans la pratique canadienne dans plusieurs domaines clés :

Définition de la mort

  • Une définition unique de la mort basée sur la cessation permanente des fonctions cérébrales.

Détermination de la mort par des critères circulatoires (DCC) :

  • Cinq recommandations relatives à :
    • Les dispositifs de surveillance
    • L’arrêt de la circulation
    • La durée d’observation

Détermination de la mort selon des critères neurologiques (DNC) :

  • Quinze recommandations en lien avec :
    • L’évaluation clinique et l’imagerie cérébrale après le retour de la circulation spontanée à la suite d’un arrêt cardiaque
    • La température corporelle
    • L’évaluation des pupilles
    • Le réflexe vestibulo-oculaire
    • Le test d’apnée
    • Le nombre d’évaluations cliniques
    • Les examens auxiliaires

En outre, la nomenclature historique a été remplacée par la détermination de la mort par des critères neurologiques (DNC) (précédemment appelée détermination neurologique de la mort ou mort cérébrale) et la détermination de la mort par des critères circulatoires (DCC) (précédemment appelée mort cardiocirculatoire ou mort circulatoire).

  • Quel est l’impact des lignes directrices sur le don d’organes ? Cela affecte-t-il les soins hospitaliers prodigués aux patients mourants afin de recruter davantage de donneurs d’organes ?

La priorité de tous les professionnels de la santé est toujours de sauver la vie. La détermination de la mort, et par conséquent le don d’organes, ne sont envisagés que lorsque tous les efforts de sauvetage ont été épuisés et qu’il n’y a aucune chance de guérison.

Le fondement éthique du don d’organes de personnes décédées, qui représente plus de 80 % de toutes les transplantations d’organes au Canada, est la règle du donneur décédé : « les organes vitaux ne doivent être prélevés que sur des patients décédés et, corrélativement, les patients vivants ne doivent pas être tués par le prélèvement d’organes. » La confiance dans le système de soins de santé et dans la pratique du don d’organes de personnes décédées repose sur une définition claire de la mort et des critères permettant de la déterminer.

S’appuyant sur un processus rigoureux et standardisé d’élaboration de lignes directrices comprenant des analyses systématiques de la littérature scientifique et l’évaluation de la qualité des preuves disponibles, les recommandations de la ligne directrice de pratique clinique s’appliquent aux donneurs d’organes potentiels qui subiront une détermination de la mort selon des critères circulatoires (DCC), ainsi qu’à tous les patients sous ventilation mécanique qui subiront une détermination de la mort selon des critères neurologiques (DNC), quel que soit leur potentiel de don d’organes.

Ces lignes directrices visent à minimiser tout risque d’erreur de diagnostic et, surtout, à pécher par excès de prudence afin d’éviter de conclure qu’un patient est mort alors qu’il ne l’est peut-être pas. Si le clinicien a la moindre incertitude, il ne doit pas conclure à la mort.

  • Comment les professionnels de santé doivent-ils communiquer avec les familles et les décideurs au nom d’autrui au sujet de la détermination de la mort ?

L’accompagnement d’un être cher tout au long du processus de mort impose souvent une charge émotionnelle et psychologique écrasante aux familles et aux mandataires. Une équipe de soutien multidisciplinaire (par exemple, infirmières, travailleurs sociaux, psychologues, conseillers en soins spirituels, autorités religieuses et coordinateurs de don, le cas échéant) doit être incluse dans les discussions sur les soins le plus tôt possible lorsque l’on soupçonne qu’un patient risque d’évoluer vers la mort.

Les considérations spécifiques pour faciliter la compréhension et l’acceptation par les membres de la famille de la détermination de la mort par des critères neurologiques, en particulier, comprennent :

  • Utiliser un langage clair et cohérent
  • Préparer les familles et les mandataires dès le début
  • Anticiper et clarifier les questions relatives à la détermination de la mort
  • Répéter les informations
  • Utiliser plusieurs méthodes de communication
  • Inviter les familles et les mandataires à assister au processus de constatation de la mort
  • Reconnaître que le fait de voir la poitrine d’un patient se soulever ou de sentir son corps chaud fait qu’il est difficile pour les familles et les mandataires d’accepter que la mort est survenue
  • Comprendre que l’acceptation de la mort se fait au fil du temps plutôt qu’au cours d’une réunion isolée
  • Offrir des possibilités de rituels de fin de vie
  • Et comment le PRDTC pourrait-il soutenir les orientations futures de ces travaux ?

Nous nous sommes entretenus avec le Dr Shemie pour en savoir plus sur les étapes à venir et sur la manière dont le PRDTC pourrait soutenir ce travail important. La Canadian Critical Care Society (CCCS), la Société canadienne du sang (SCS) et l’Association médicale canadienne (AMC), ainsi que le comité de projet, élaborent activement des plans pour s’assurer que les directives actualisées sont mises en œuvre au chevet des patients, tout en abordant les controverses médico-juridiques et éthiques qui pourraient survenir. En ce qui concerne les changements législatifs, la SCS continue de plaider en faveur d’une définition de la mort basée sur le cerveau, bien que ce ne soit pas son rôle spécifique. En outre, le PRDTC peut contribuer à faire avancer le programme de recherche décrit dans le document de Maitre et al. sur les lacunes en matière de connaissances, que vous pouvez consulter ici. Dans l’ensemble, le PRDTC peut contribuer à ce travail crucial de plusieurs manières.

À propos du Dr. Sam Shemie

Le domaine d’intérêt du Dr Shemie est le remplacement d’organes en cas de maladie grave. Il est médecin en soins intensifs pédiatriques, spécialiste de l’ECMO et chef de l’équipe de traumatologie à l’Hôpital de Montréal pour enfants, Centre universitaire de santé McGill. Il est professeur de pédiatrie à l’Hôpital de Montréal pour enfants de l’Université McGill et membre du personnel honoraire du département de médecine des soins intensifs de l’Hôpital pour enfants malades de l’Université de Toronto. Il est conseiller médical pour les dons d’organes de personnes décédées à la Société canadienne du sang. Son travail universitaire consiste à faire progresser la science et la pratique du don d’organes chez les personnes décédées. Ses recherches portent sur l’impact clinique et politique des technologies de soutien à la défaillance d’organes, sur le développement et la mise en œuvre de pratiques nationales de pointe en matière de don d’organes dans les unités de soins intensifs et sur la recherche à l’intersection des soins de fin de vie, de la détermination de la mort et du don d’organes par des personnes décédées.