Recherche en vedette : Impact du don vivant sur l’accès des femmes à la transplantation hépatique
Saviez-vous ?
- Que les dons vivants de foie ont représenté 21 % (1 sur 5) des 36 000 greffes de foie estimées réalisées dans les pays membres de l’OMS en 2019. (Source)
- Qu’au Canada, une greffe de foie sur huit est rendue possible par un donneur vivant. (Source)
- Les deux tiers des donneurs vivants canadiens sont des femmes. (Source)
En août, la Dre Mamatha Bhat et son équipe ont publié leurs derniers travaux intitulés « Sex Disparity in Liver Transplant and Access to Living Donation in JAMA Surgery. » On sait que les femmes sont désavantagées dans leur accès aux greffes de foie de donneurs décédés, et leur étude a examiné si le don vivant pouvait aider à remédier à cette inégalité. Nous avons rencontré Mamatha pour en savoir plus.
« En tant qu’hépatologue transplanteuse s’occupant de patients, j’étais intéressée par l’examen de l’impact de l’accès à la transplantation hépatique de donneur vivant dans un programme sur les disparités entre les sexes sur la liste d’attente. »
Comment pensez-vous que votre recherche fera progresser le domaine ?
Le score MELD Na a permis de réduire la mortalité globale sur liste d’attente. Cependant, avec le temps, nous nous sommes rendu compte que certains sous-groupes sont désavantagés par ce score. Chez les femmes, le désavantage est multifactoriel. Tout d’abord, le MELD Na chez les femmes semble sous-représenter le degré de la maladie. Plus précisément, la créatinine chez les femmes a tendance à être plus basse en raison d’une masse musculaire plus faible, et le sodium est également sous-représenté. Les femmes atteintes de maladies hépatiques cholestatiques telles que la CBP et la CSP sont également désavantagées, car la bilirubine est sous-pondérée dans le score MELD Na.
Au-delà de la hiérarchisation des priorités, l’attribution des organes dépend de la correspondance entre le foie du donneur et celui du receveur. La plupart des organes de donneurs décédés proviennent de donneurs masculins, ce qui pourrait être un désavantage pour les femmes ayant un corps plus petit. Une étude de Locket et al dans JAMA Surgery, 2020 a confirmé que les femmes avaient 14,4 % moins de chances de recevoir un organe de donneur décédé que les hommes, après avoir pris en compte la situation géographique, le score MELD et les mesures anthropométriques et hépatiques du candidat.
Dans notre étude, nous avons confirmé que la transplantation du foie d’un donneur vivant est utile à tous les patients (femmes et hommes) sur la liste d’attente, quelles que soient leurs caractéristiques cliniques. En outre, nous avons découvert qu’en tant que programme réalisant des transplantations de foie de donneurs vivants, nous pouvons atténuer la disparité entre les sexes sur la liste d’attente. En effet, en utilisant l’analyse des risques concurrents, nous avons constaté que les femmes bénéficiaient de l’accès à la greffe de foie de donneur vivant 1,38 fois plus que les hommes.
En quoi votre recherche peut-elle faire avancer le milieu ?
Diverses études ont examiné la manière dont la disparité entre les sexes sur la liste d’attente pourrait être rectifiée. Toutefois, aucun des ajustements pour des facteurs tels que le débit de filtration glomérulaire (GFR) et le volume du foie n’a permis de rectifier cette disparité. Il s’agit donc d’un problème très complexe qui n’a pas de solution simple, étant donné le nombre de variables en jeu et la dynamique de la liste d’attente.
J’estime que nous devrions élaborer un nouveau système de priorisation et d’attribution d’organes de donneurs réduits qui tiennent compte de l’évolution des caractéristiques cliniques des patients en liste d’attente. Il est probable que la priorisation optimale variera en fonction des considérations uniques de chaque juridiction en termes d’indication de transplantation et d’inadéquation entre l’offre et la demande. Jusqu’à ce que nous mettions au point un système de priorisation et d’attribution plus optimal et équitable, le don vivant pourrait être envisagé surtout s’il y a un décalage important entre l’offre et la demande d’organes dans une juridiction particulière.
Le PRDTC est heureux de soutenir le travail de la Dre Bhat par le biais de subventions à la recherche et l’innovation 2016 et 2018, financées en partenariat avec le University Health Network.
Vous pouvez retrouver Mamatha sur Twitter @MamathaBhat3 ainsi que comme co-responsable du Thème 4 : Un système immunitaire adapté à chaque patient, du PRDTC.